Vaslav Nijinsky, le scandaleux prolifique
« On m'a dit que j'étais fou. Je croyais que j'étais vivant. Ma folie, c'est l'amour
de l'humanité. » (Libération).
L'audace royale : Enfant de danseurs polonais, Vaslav
Nijinski est né à Kiev, en Ukraine, le 12 mars 1889. Entré à l'académie de danse impériale de Saint-Pétersbourg à l'âge de
onze ans, il est repéré, pour ses incroyables sauts, par
Serge de Diaghilev qui l'enrôle dans
sa compagnie des Ballets Russes. Mais ce dernier se heurte au refus du théâtre Mariinski, choqué par l'attitude du danseur. D'un tempérament de feu, le jeune homme avait
eu l'audace de danser Giselle devant la famille tsarine, les Romanov, en
justaucorps et maillot moulant. Déjà, le jeune homme témoignait de son insoumission aux règles chorégraphiques et sociales. Et par lui arriva le « scandale ».
L'appétit de
scandale : Pour sa première chorégraphie au sein des Ballets Russes de
Serge de Diaghilev, Vaslav Nijinsky opère une
véritable révolution. « L'Après-midi d'un faune » (1912) est un ballet en un acte
consistant en une succession de petits mouvements saccadés et cassés où l'orgasme est puissament mimé. La réaction
de la presse, offusquée, ne
se fait pas attendre. Le Figaro écrit : « Je suis persuadé que tous les lecteurs du Figaro qui étaient hier au Châtelet m'approuvent si je proteste
contre l'exhibition trop spéciale
qu'on prétendait nous servir comme une
production profonde, parfumée d'art
précieux et d'harmonieuse poésie. (...) Nous avons eu un Faune
inconvenant avec de vils mouvements de bestialité érotique et des gestes de lourde
impudeur. » Le succès est pourtant au rendez-vous et la
suite est éclatante : il crée la mythique chorégraphie « Le Sacre du Pintemps » avec
la musique d'une sauvage modernité de
Igor Stravinski. Ce ballet d'un rituel barbare païen crée instantanément le scandale au Théâtre
des Champs-Élysées, le 29 mai 1913. Le vacarme dans la salle est tellement
assourdissant que Nijinsky, en coulisses, et debout sur une chaise, doit crier
les indications de rythmes aux danseurs. Un an plus tard, la composition de
Stravinsky est portée aux nues. La chorégraphie de Nijinsky, elle, suscite
toujours l'incompréhension du public. Vaslav est
finalement renvoyé de la compagnie car il s'est
marié à une jolie ballerine, ce que son ex-amant Serge de
Diaghilev n'a pas supporté. Il
finira tristement ses jours en hôpital
psychiatrique, emporté par
une drôle de folie mystique. Son leg
chorégraphique est inestimable
puisqu'il donnera naissance aux deux chefs-d'œuvre du
« Sacre du Pintemps », version Maurice Béjart en 1960 et version Pina Bausch,
en 1975.
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